Dans la tête de David Del Bourgo, co-fondateur et CEO de Whitelab Genomics

L’échange entre Vincent Puren et David Del Bourgo retrace la vie d’un ingénieur de formation, qui s’est finalement passionné de sciences et qui a décidé de quitter les grands groupes pour créer une entreprise avec la volonté « d’être reconnu comme un des leaders dans cette industrie dédiée aux thérapies génomiques ».

Publié le 21 novembre 2022 à 02h02

 

Bienvenue dans le neuvième épisode de notre podcast WhatHealth, podcast dédié aux entrepreneurs de la e-santé. 

Comme précédemment, nous avons reçu un entrepreneur bien connu chez Future4care, puisqu’il est membre de la première promotion de notre accélérateur. Cet entrepreneur c’est David Del Bourgo, co-fondateur et CEO de Whitelab Genomics. 

Whitelab Genomics, qu’est-ce que c’est ? C’est une plateforme d’intelligence artificielle pour découvrir et développer les médicaments qui utilisent l’ARN et l’ADN. 

La plateforme exclusive de Whitelab Genomics s'appuie sur la technologie de la connaissance des graphes et l'apprentissage automatique afin de découvrir et concevoir de nouvelles thérapies génomiques. La génomique étant l’analyse du génome humain.  

Cette plateforme est basée sur des ensembles de données exhaustifs et fournit ainsi des simulations in silico pour découvrir et concevoir des charges utiles et des vecteurs optimisés.  

L’échange entre Vincent Puren et David Del Bourgo retrace la vie d’un ingénieur de formation, qui s’est finalement passionné de sciences et qui a décidé de quitter les grands groupes pour créer une entreprise avec la volonté « d’être reconnu comme un des leaders dans cette industrie dédiée aux thérapies génomiques ». 

Cette tribune est issue du podcast que vous pouvez visionner ici ou écouter par ici. 

Bonne lecture et bonne écoute 😊 

 

ingénierie / Sciences – Salarié / entrepreneur .. pourquoi choisir ? 

Ingénieur ou Scientifique ?  Dès post-bac, le cœur de David balance. 

Ce sera finalement une formation d’ingénieur qu’il choisit. Ingénieur oui, mais avec une vraie dimension internationale. « Le voyage forme la jeunesse », nous confie-t-il. Il voyage alors de pays en pays en s’imprégnant de différentes cultures, de différentes personnes qu’il rencontre. 

Rapidement, il intègre de grands groupes, General Electric notamment, dans lequel il nous raconte avoir évolué très rapidement. Il commence en tant qu’ingénieur avant de devenir European Program Manager, puis, un an plus tard, Global Product Manager. Une évolution qu’il obtient grâce à son travail et une formation accélérée, mais pour lui, ce n’était pas suffisant. 

Pour un scientifique, le monde du business reste très éloigné et il est nécessaire d’en avoir les bases, de s’y acculturer. 

10 ans plus tard, il décide de reprendre ses études. « je n’en serais plus capable aujourd’hui » nous confie-t-il, mais à l’époque, il l’a fait et il en tire une grande satisfaction. 

Ce MBA, à l’université de Chicago, lui a permis de voyager entre le campus européen, en Espagne et le campus Américain. L’occasion de renforcer son ouverture à l’international, tout en continuant à exercer au sein de General Electric. 

Il y a appris les fondamentaux pour se développer et performer sur le plan commercial et marketing. Des acquis précieux pour la suite de sa carrière, surtout lorsqu’il décidé en 2018 de créer Whitelab Genomics. 

Parallèlement, David a toujours été fasciné par la façon dont la technologie pouvait se mettre au service de la science et réaliser ainsi de grandes choses. 

C’est en ce sens qu’en 2014, il rejoint Genomic Vision, une société française de biotechnologie qui fournit des outils et des services pour visualiser et caractériser les molécules d'ADN, en tant que Head of Sales et Marketing. 

C’est lors de cette expérience que commence à naître en lui cette âme d’entrepreneur. C’est à cette période également qu’il y rencontre son futur associé, Julien Cottineau, à travers son poste au sein de l’Institut Imagine. 

Petit à petit, David se rend compte que son travail, très prenant, est à la fois challengeant et lui procure une vraie dose de stress. Il réalise que toute cette énergie pourrait être mise à contribution de sa propre entreprise, d’un projet qui lui appartiendrait et avec lequel il pourrait changer les choses. 

Il décide alors, en 2018, de se lancer dans l’aventure de Whitelab Genomics. 

 

Whitelab Genomics, la création 

David, convaincu par la fibre business de Julien et du bon feeling qu’ils partagent, lui propose d’embarquer dans cette aventure. Généticien et avec un doctorat à son actif, Julien souhaite alors changer de cap professionnellement et décide de se jeter à l’eau. 

Forts de leurs expériences dans l’industrie des thérapies génomiques et en business, ils développent une startup avec l’ambition de trouver les thérapies de demain, plus rapidement et de façon plus fiable. Ils développent alors un modèle économique de partenariat. Ainsi, en général, ils établissent une collaboration avec un acteur de la biotech ou du milieu pharmaceutique et l’accompagnent à travers son projet, dans le but d’accompagner la découverte et la création du design d’une thérapie. Question financement, c’est le schéma classique « uprfont, milestone et success royalty fees. », qui est mis en place. Enfin, Whitelab genomics reste associé à la molécule, tant qu’elle vit. 

Rapidement, le COVID frappe l’industrie et le monde entier. Un vrai obstacle pour la startup naissante et pleine d’ambition. 

« On a pensé que l’on allait mourir plusieurs fois » nous livre l’entrepreneur. Un sentiment partagé par beaucoup d’autres entrepreneurs lors de cette période inédite. 

En effet, pour Whitelab, le plus compliqué a été la fermeture des frontières américaines. L’Amérique étant le premier marché de la startup. 

Mais, au bout d’une année, Whitelab Genomics a pu jouir d’une exemption nationale pour se rendre sur le territoire. C’était aussi dans l’intérêt des entreprises de biotechnologies américaines que d’autoriser des acteurs comme la startup a reprendre le business de l’autre côté de l’atlantique. 

David ne cache pas aussi qu’il y a une part chance aussi dans tout cela, sans laquelle il pense qu’ils n’auraient pas survécu.  

Il en profite également pour remercier son équipe et son associé. « Je m’entoure énormément » déclare-t-il. Selon lui, c’est une des vraies ressources pour survivre dans un univers comme celui-ci.  

Paradoxalement, la COVID19 a également joué un rôle important dans l’expansion de la startup. Whitelab ne s’est pas penché sur la création de vaccins, non, en revanche, la pandémie a mis en exergue des termes comme ‘ARN messager’, ‘Génomes’ auprès du grand public notamment. Cela a aussi renforcé les convictions que certaines situations nécessitent de pouvoir développer, le plus rapidement possible et de façon fiable, des thérapies, ce que s’engage à faire la startup depuis 2018. 

Cela a donc donné un vrai coup de boost à la startup, qui ne cesse de grandir depuis. 

L’ADN, le génome, étant des sujets sensibles, Vincent a interrogé David sur le sujet des données et notamment de leur stockage. 

Celui-ci nous a confié qu’initialement, Whitelab travaille quasi essentiellement avec des données publiques, ce qui nécessite un moins gros besoin de sécurisation de la part de la startup elle-même. En revanche, lorsque, pour un projet, ils viennent à charger des données privées, alors le processus est très différent. Une équipe dédiée se charge de les sécuriser au sein d’une base de données en graph, dans laquelle elle créée des zones sécurisées. Par ailleurs, ils sont aussi coutumiers du cloud sécurisé, pour stocker ce type de données. Une bonne sécurisation de la donnée est essentielle pour Whitelab, mais une bonne maîtrise et utilisation l’est tout autant. 

David nous confie d’ailleurs que l’équipe de recherche et développement, extrêmement compétente, car l’hexagone possède de vrais profils riches et qualifiés, est et restera en France. C’est important pour eux de la faire grandir ici, avec toute l’expertise qu’ils possèdent et qu’ils vont encore acquérir. 

En effet, le domaine des thérapies innovantes est très développé en Europe, principalement en Italie et en France. David n’en est pas peu fier. 

Lorsqu’il nous parle d’avenir, il nous parle évidemment de la part de marché Américaine, qui grandira proportionnellement à la startup. L’idée est d’y implanter une équipe principalement sales et marketing. Il faut une présence sur place pour comprendre les enjeux, comprendre les clients et ensuite développer les bons produits. 

Aujourd’hui, ce sont surtout les deux associés qui voyagent entre les deux continents, mais d’ici 2023, une équipe devrait être implantée du côté de Boston et Cambridge.  

D’ailleurs, il y a quelques semaines, en septembre 2022, la startup a initié ce développement en réalisant une levée de fonds de 10 million d’euros, grâce à l’investissement d’Omnes Capital et de  Debiopharm, groupe pharmaceutique suisse. 

Un investissement très attendu pour David et Julien, mais qui ne servira pas seulement à l’expansion internationale. 

 

Levée de fonds et culture d’entreprise, quel lien ? 

Cette levée de fonds, David s’en félicite et présente encore sa reconnaissance envers ses deux investisseurs. 

Vincent interroge David sur la raison pour laquelle Whitelab Genomics a été l’heureux élu, face à des dizaines de startups en quête de Série A. 

Ce dernier nous répond qu’ils ont été accompagnés par des acteurs experts de ce domaine, ce qui leur a permis de grandir, de la bonne façon (Station F, Y Combinator, Future4care, BPI, entre autres,…). 

Il nous dit aussi que les deux investisseurs leur ont reconnu la solidité du projet, malgré le peu de moyens. Une vraie technologie déployée, un portefeuille de clients intéressant et fiable, une vraie connaissance de l’industrie. 

L’international d’accord, mais quels sont les autres objectifs pour la startup, après cette levée de fonds ?  

« Prouver qu’il y a de la place pour des acteurs français dans ce domaine et être reconnu comme un des leader dans cette industrie dédiée aux thérapies génomiques. » Pour cela, David est convaincu que la culture d’entreprise jouera un rôle primordial. 

C’est en ce sens que le sujet ‘people’ prend beaucoup de place et de sens ces dernières semaines au sein de Whitelab Genomics. 

Workshop sur la vision, la culture, séminaire pour la cohésion, recrutement, remise à niveau, beaucoup de changements sont en cours. 

En effet, une des plus grosses préoccupations des associés est le recrutement. « Tu peux assez vite résoudre des erreurs techniques, mais se tromper longtemps sur l’humain peut te coûter très cher » nous confie David. 

Pourtant, recruter est vital, d’autant que l’entrepreneur nous confie avoir beaucoup à apprendre des différentes générations, surtout des plus jeunes qui maîtrisent les nouveaux outils, qui parlent le langage dont la startup a besoin. Alors, il est essentiel de ne pas scaler trop vite et de ne pas céder au rythme effréné de l’hypercroissance. 

C’est pourquoi, les associés se concentrent sur les prochaines recrues, mais ont également décidé de renforcer les liens entre les équipes actuelles. Le rêve de David est d’ailleurs que, peu importe la taille de la startup, les collaborateurs puissent toujours se parler, travailler étroitement, passer des moments de qualité ensemble. 

Finalement, c’est a l’image de la vie personnelle d’un entrepreneur. Il faut savoir trouver l’équilibre. David nous raconte, qu’avant d’être père de famille, les vacances n’existaient pas, c’était une perte de temps sur la route du développement. Puis, 2 enfants plus tard, il lui a fallu changer son mode de vie. Aujourd’hui, il ne regrette pas de prendre ce temps, où il peut souffler, profiter pleinement de ses proches et également réfléchir, plus calmement, à la suite, aux objectifs. 

Très sportif, David nous confie que la vie d’une entreprise est assez similaire à son expérience en triathlon. Quelques fois, c’est tellement dur que nous remettons tout en question : épuisement,  envie de lâcher prise. Puis, nous réalisons que nous sommes entourés, encouragés et nous savons qu’il existe une ligne d’arrivée, qui vaut la peine d’être atteinte. 

Alors David est assez confiant pour la suite et exprime beaucoup de souhaits et d’objectifs à horizon des semaines et des années à venir. Il sait qu’avec son associé, Julien, et son équipe, il possède les cartes nécessaires pour arriver là où ils le souhaitent. 

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Cet échange nous permet de réaliser que l’entreprenariat n’est pas nécessairement quelque chose d’inné. Pour David par exemple, cela a pris 15 ans. Lorsque Vincent lui demande quel conseil il aurait pour un entrepreneur qui hésite à se lancer, il dit que c’est une question de timing et d’intuition. Quelques fois, cela peut ne pas être le bon moment. En revanche, même si cela fait peur, que cela représente beaucoup d’engagement, David rappelle que c’est une aventure, avec beaucoup de sens et que cela vaut le coup d’être vécu. 

Alors si vous aussi vous êtes entrepreneur ou que vous hésitez encore à vous lancer, nous espérons que ce podcast et cette tribune vous auront plu. 

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